La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et Sea Shepherd montent d’un ton. Le massacre des dauphins à cause des méthodes de pêche est connu et documenté, et le gouvernement feint de ne pas le voir, selon Sea Shepherd, et selon la LPO qui lui a apporté son soutien mercredi lors d'un rassemblement. Des accusations mensongères d’après le ministre, selon lequel le gouvernement « ne regarde pas ailleurs ».
« 400 dauphins ». La LPO organisait mercredi un rassemblement aux Invalides, à Paris. (Photo LPO)
Le gouvernement a rappelé une série de mesures mercredi sur France Info qu’il a prises pour lier pêche et survie des dauphins. Pour les associations ces annonces sont un leurre.
Le gouvernement dit que cette interdiction « n’est pas tabou ». Une interdiction pendant les périodes de reproduction permettrait d’éviter le pire pour les dauphins. Et selon le gouvernement, la question serait sur la table, mais aucune décision n’aurait encore été prise.
Cette décision ne remettrait aucunement en question les méthodes de pêche, mais permettrait peut-être de sauver les dauphins en tant qu’espèce. C’est la solution minimale, celle que demandent les scientifiques et Sea Shepherd depuis des années.
Mais même cette solution minimale semble bien lointaine pour le gouvernement : « ça commence quand ? Ça se termine quand en terme de date ? Quel niveau d’indemnisation vous accompagnez ? Est-ce que c’est tous les bateaux ? Est-ce que c’est les fileyeurs ? Est-ce que c’est les chaluts pélagiques ? […] Il nous faut des données, de cet hiver et sans doute de l’hiver prochain », s’est justifié Chrisophe Béchu sur France Info.
Si aujourd’hui, le gouvernement affirme que la question est sur la table, ça n’a pas toujours été le cas. Une telle décision irait dans le bon sens, mais n’oublions pas que le gouvernement a refusé que Sea Shepherd rejoigne le groupe de travail sur la sauvegarde des dauphins créé en 2017, malgré les demandes de l'ONG et sur demande des lobbys de la pêche, et ce alors que l’ONG dispose de données, et propose des méthodes de récolte de nouvelles données.
Cependant, un tel revirement du gouvernement montre l’importance des campagnes de pression, que ce soit la levée de fond du Z Event en septembre, le rassemblement organisé mercredi aux Invalides par la LPO ou la campagne de sensibilisation menée par Sea Shepherd depuis samedi à la suite de la découverte du cadavre de dauphin mutilé. Reste encore à ce que le gouvernement acte dans l’urgence en faveur de cette interdiction saisonnale.
Autre prétendue décision du gouvernement, celle des dispositifs sonores destinés à alerter les dauphins qu’une pêche est en cours. « On a pris un décret il y a quelques semaines pour obliger 200 bateaux à s'équiper d'effaroucheurs sonores. C’est la moitié de la flotte », explique Christophe Béchu.
Alors que ces répulsifs sont déployés depuis le 1er janvier 2021, la mortalité des dauphins est en augmentation, de l’aveu même du ministre, d’après l’insitut Pelagis, et d’après Sea Shepherd. Et les chiffres sont implacables : début janvier, 127 dauphins échoués ont été retrouvés sur les côtes, contre 73 en 2022.
« C’est juste un gadget. On repousse juste les dauphins de leur zone de nourrissage pour que nous puissions pêcher tranquillement. Ça n’est pas la solution. Il faut changer les méthodes de pêche et fermer les pêcheries. Il faut aussi installer des caméras à bord. » expliquait auprès de France Bleu la présidente de Sea Shepherd Lamya Essemlali. « À aucun moment la France ne remet en question son effort de pêche, ses méthodes non sélectives et leurs conséquences, mais préfère chasser un prédateur naturel, espèce protégée de surcroît, de sa zone de nourrissage en ignorant les effets pervers que peuvent avoir ces émetteurs de signaux acoustiques », dénonçait déjà en septembre Sea Shepherd sur son site.
Les caméras à bord des navires ont été évoquées par le ministre : un quart des fileyeurs « va être équipé de caméra ». Si cette technique est demandée par Sea Shepherd, sa présidente, Lamya Essemlali, insiste pour dire que « ça n’est pas une mesure qui va diminuer les captures, mais ça permet d’avoir une meilleure visibilité sur les engins de pêche les plus meurtriers. C’est une avancée intéressante, mais ça n’est pas ça qui va diminuer les captures. »
Si certaines de ces avancées sont notables, on remarque qu'Emmanuel Macron, depuis son arrivée au pouvoir en 2017, cherche à gagner du temps. Il refuse que Sea Shepherd fasse partie du groupe de travail sur les captures de dauphin, il essaie de faire passer les pingers, solution prônée par les lobbys de la pêche et décriée par les associations environnementales et les scientifiques, comme une avancée, et s’il évoque la possibilité d’interdire la pêche à certaines saisons, il remet cette décision aux calendes grecques. Pourtant l’urgence est prégnante et la situation connue de longue date.
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Vindicte - dernière mise à jour le 26 juillet 2024
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