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Normes sociales et libertés individuelles

La Vindicte Elliptique🌎 Actu

Le 1 janvier 2022 à 19h20

Julien
Militant

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Philosophie/Normes/Liberté
Le féminisme interroge. Il pointe du doigt l’hétéropatriarcat. Il culpabilise celles et ceux qui contribuent au système de domination d’un groupe socialement déterminé par son genre sur un autre. Il bouscule les normes sociales.
Le végétarisme interroge. Il pointe du doigt l’industrie alimentaire. Il culpabilise celles et ceux qui contribuent au sy

Le féminisme interroge. Il pointe du doigt l’hétéropatriarcat. Il culpabilise celles et ceux qui contribuent au système de domination d’un groupe socialement déterminé par son genre sur un autre. Il bouscule les normes sociales.

Le végétarisme interroge. Il pointe du doigt l’industrie alimentaire. Il culpabilise celles et ceux qui contribuent au système de domination et d’exploitation de l’humain sur le règne animal et végétal. Il bouscule les normes sociales.

Il serait simple de croire que le féminisme ou le végétarisme ne sont portés que par une portion faible de la population en raison de ce qu’ils interrogent, ce qu’ils pointent. La barrière à franchir, le mur à abattre est le rempart constitué par la majorité, la moyenne, les gens : la norme.

Le normal est ce que les gens font et les gens font ce qu’ils font parce que tout le monde fait pareil, et tout le monde pense que c’est normal. Changer ses habitudes n’est pas un problème si tout le monde change en même temps. Mais puisque chacun se repose sur tout le monde, au final personne ne change.

Ce qui dérange avec des mouvements politiques d’une telle ampleur, c’est son étendue dans la sphère dite « privée ». La vie privée qu’elle s’incarne dans la sexualité ou la consommation serait soustraite à la politique comme un bastion de liberté à préserver. Et c’est ça qui dérange. Ce serait trop simple si nos actions privées, individuelles étaient indépendantes, sans conséquences. Et c’est ce que continuent à croire les gens « normaux » ou « normés ».

Le féminisme et le végétarisme offrent des visions de la société mais pas seulement. En interrogeant les normes, en montrant qu’elles ne sont pas uniques, nécessaires et immuables ils nous montrent que l’on peut les changer. C’est bien cela qui dérange. L’hypocrisie générale de tout individu qui se retrouve face à une norme qu’il ne veut pas lâcher est toujours la suivante : il accepte la nécessité théorique de changer les choses, et admet que telle ou telle situation n’est pas parfaite mais il renonce à croire que les choses peuvent changer pratiquement en prétextant la complexité, la durée, l’incertitude…

Le féminisme bouscule car il questionne les rapports quotidiens, universels (mais pas absolus) des être humains entre eux, particulièrement ceux qui opposent les individus de sexes ou genres différents. Il remet donc en question beaucoup de choses dans la mesure où il dénonce des comportements quotidiens, les plus infimes et les plus intimes.

Le végétarisme bouscule tout autant et différemment. Il questionne quelque chose de quotidien, de banal mais aussi de très personnel et de très culturel. L’alimentation est une activité extrêmement sociale. Pourtant les critères premiers en ce qui concerne les choix de consommation sont le goût et le prix. Le goût renvoie à la subjectivité et au relativisme qui est toujours là pour sauver les apparences théoriques et le prix qui sert d’excuse pratique pour ne pas mieux manger.

Tout le monde veut que les choses changent, mais rares sont celles et ceux qui essaient car chacun attend de l’autre un déclic, un élan. Les normes sociales sont ce qui nous fait tenir, ils sont un lien, ils sont le liant, mais un liant qui englue, qui pétrifie.

La manière dont nous nous adressons entre hommes et femmes. La manière dont nous marchons, dont nous parlons, dont nous nous habillons, tout ce que nous faisons inconsciemment en tant que femme ou en tant qu’homme contribue à maintenir les normes.

Les produits que nous mangeons influe sur leur production. La production de viande dépend de l’agriculture mondiale, dont dépend l’humanité dans son ensemble. Manger des produits dits « biologiques » ou « naturels » c’est refuser l’utilisation de produits chimiques et la contamination des sols, de l’air, des eaux et de toutes les populations humaines, animales et végétales. Manger est donc la chose la plus simple, la plus banale, la plus quotidienne et justement pour cela la chose la plus originelle, la plus sacrée, la plus radicale, la plus politique, la plus sociale. Manger c’est choisir quelles normes sociales globales on veut pour notre monde.

Malgré tout ce qui a été dit ici, ne nous bousculons pas trop. Si tout changement est nécessaire (non seulement souhaitable mais aussi inévitable) il peut être progressif. Le féminisme et le végétarisme interrogent les normes, si ils enjoignent à les bousculer c’est surtout pour inciter chacun et chacune à reprendre en main, individuellement et collectivement, le processus de création et de légitimation de toutes ces normes sociales et quotidiennes. Il ne faut pas diaboliser des positions dites radicales et voir un but qui serait trop loin théoriquement (parce que chacun ne voit pas directement le sens et les enjeux du premier regard) ou pratiquement (parce que toute habitude est difficile à changer sans progression). Il faut voir que normes et individus se génèrent mutuellement. Ainsi toute norme n’est pas rigide et oppressante dès lors qu’on prend conscience de la marge de liberté existante en chacune.

Bousculer les normes ce n’est pas les supprimer pour en imposer de nouvelles et c’est également en cela que l’on peut comprendre féminisme et végétarisme (en mon sens) comme essentiellement politique et liés : il s’agit de fournir un modèle général de normes sociales comme processus permanent sur lequel on peut et l’on doit agir de l’intérieur, collectivement, sans chercher à imposer une vérité absolue.

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Vindicte - dernière mise à jour le 26 juillet 2024

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