Le 24 juillet 2024 à 14h04
Solitude
Communiste acharnée
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Dans une déclaration qui a suscité la polémique, le député Thomas Portes (LFi/NFP) avait affirmé que « les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus à Paris. » Le député a ensuite clarifié son propos en demandant que les athlètes participent aux Jeux sous bannière neutre, c'est-à-dire sans mettre en avant Israël, sans drapeau et sans hymne, comme c'est déjà le cas pour la Russie.
Cette proposition a été soutenue par d'autres députés, comme Aymeric Caron (LFi/NFP) : « le drapeau israélien, entaché du sang des innocents de Gaza, ne devrait pas flotter à Paris cet été. »
À l'international, le Comité olympique palestinien a demandé au CIO (Comité international olympique, l'organisation en charge des Jeux) d'exclure Israël de ces jeux. « Environ 400 sportifs palestiniens ont été tués, et la destruction des complexes sportifs empire la situation catastrophique de sportifs qui subissent déjà de violentes contraintes. »
Dans une lettre adressée à Thomas Bach, le président de la CIO, les Palestiniens ont aussi rappelé que le CIO a « par le passé agi de manière décisive contre les atteintes à la trêve olympique » en mentionnant l'exemple récent de « la suspension des équipes russes par le Comité international olympique en réponse à l'invasion de l'Ukraine. »
Un panneau où est inscrit « Exclusion d'Israël des Jeux », situé sur la M1 à Johannesbourg, en Afrique du Sud, le 22 avril 2024. (Phill Magakoe/AFP)
En mars dernier, le chef du comité de coordination du CIO pour Paris 2024, Pierre-Olivier Beckers-Vieujant, disait qu'il était « hors de question d'imaginer des sanctions à ce stade. » Sur le parallèle avec la Russie, il déclarait : « le Comité olympique palestinien et le Comité olympique israélien coexistent en paix, ensemble. C'est parfaitement clair qu'il s'agit de deux situations différentes. » La lettre du Comité palestinien met à mal cette thèse.
D'après Lazar Berman, dans le Times of Israel, beaucoup de sportifs israéliens se sont « préparés à un rude accueil, y compris des manifestations hors des jeux, des huées dans les stades, et des opposants qui refuseront de leur serrer la main, ou d'autres provocations de ce genre. »
La présidente du Comité olympique israélien, Yael Arad, a rappelé l'importance pour Israël d'être présente et d'être regardée dans cette compétition, où 88 sportifs israéliens participeront. « On veut que nos sportifs viennent, travaillent, et s'affrontent. Qu'ils représentent Israël et montrent le meilleur visage d'Israël. »
« Chaque fois qu'on réussira à faire entendre l'hymne israélien pendant que notre drapeau flottera au-dessus de nous, ça vaudra tout à mes yeux. La raison pour laquelle on fait ça, malgré les difficultés économiques, malgré les énormes coûts liés à la guerre, c'est parce que ça a une valeur qui est directement en lien à mes yeux au moral de la nation, qui a besoin d'être encouragé. »
Les sportifs, à titre individuel, ne s'expriment plus sur le sujet, et il faut remonter au mois de décembre pour retrouver des prises de position. « Je ne veux pas répondre. Je ne veux pas rentrer là-dedans » a par exemple déclaré le champion olympique Misha Ziberman.
« On n'autorisera plus d'autres questions au sujet des affaires courantes, de la situation politique et intérieure. Je trouve que ce n'est pas juste pour eux d'affronter ce genre de questions » a fait valoir un agent de communication d'une équipe de football israélienne qui a envoyé plusieurs joueurs aux JO.
Sur X, un militant de Tsedek, collectif juif décolonial qui soutient le boycott aux JO, a relayé un article du journal Ynet, dont nous faisons également un compte-rendu.
En décembre dernier, plusieurs membres de l'équipe olympique de judo ont rencontré des combattantes à la frontière avec Gaza. « Je suis entrée dans le tank et je me suis sentie comme une combattante pendant cinq minutes. C'est incroyable de voir comment les combattantes prennent leur rôle avec sérieux. Elles protègent le pays, je le représente. L’engagement, la détermination et l'idée qu’il n’y a pas de limite aux capacités, c'est quelque chose que j’ai retenue. Je suis pleine d'inspiration. »
« Grâce à ce qu'elles font, je peux faire ce que je fais. Je suis super fière que l'équipe et moi leur donnions une certaine satisfaction en représentant le pays à l'étranger. »
Si l'idée de faire concourir les athlètes sous bannière neutre bénéficie d'un large consensus à gauche, la phrase « les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus à Paris » n'a pas fait l'unanimité.
Le Parti communiste français, qui appelle au boycott d'Israël, a par exemple publié un communiqué où il affirme qu'« exclure des athlètes sur la base de leur nationalité et rendre les peuples coresponsables des crimes de leurs dirigeants est incompatible avec les valeurs de l'Olympisme. »
Pour Thomas Portes dans Le Parisien, c'est une critique qui ne vaut pas puisque les athlètes russes sont sous sanction, et ne peuvent participer que sous bannière neutre, et si le CIO considère qu'ils ne représentent en aucune manière la Russie. « Je considère que la diplomatie française doit faire pression sur le CIO pour que le drapeau et l’hymne israéliens ne soient pas admis pendant ces Jeux olympiques comme cela est fait pour la Russie. Il faut en finir avec le deux poids deux mesures. »
Les demandes liées au boycott d'Israël, y compris pour les JO, ne sont pas nouvelles : ici le 30 avril 2024 devant le siège du comité d'organisation des JO 2024, à Saint-Denis (AP Photo/Alexander Turnbull)
L'argument du deux poids deux mesures, qui trace un parallèle entre la Russie et Israël ne plaît pas non plus. Pour les défenseurs d'Israël, ce pays est une démocratie et ne saurait être comparé à la Russie.
Surtout, cet argument du double standard peut porter en lui un sous-entendu antisémite. C'est d'ailleurs ce que défend Gérald Darmanin au 20h de France 2, interrogé sur les déclarations de Thomas Portes.
Il affirme en parlant de Thomas Portes que les « relents d'antisémitisme dans ses propos sont évidents ». Si Thomas Portes (comme d'autres) dénonce explicitement un traitement différencié entre Israël et la Russie, le sous-entendu serait que les Juifs sont toujours privilégiés, ce qui est un trope antisémite. Quand bien même Thomas Portes ne le pense pas, il serait facile pour un antisémite de lire son propos de la sorte, d'où l'accusation.
En face, on rappelle simplement le bilan de 186.000 morts à Gaza (selon des hypothèses publiées par la revue britannique The Lancet), soit quasiment 8% de la population, et les déclarations scandaleuses des ministres israéliens comme Yoav Gallant (ministre de la défense), qui affirmait que « Gaza ne retournera pas à ce qu'elle était avant. On ira tout éliminer. » Le même qui affirmait que les Palestiniens sont des « animaux humains. »
Vindicte - dernière mise à jour le 26 juillet 2024
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