Vindicte

Compte Vindicte

fermeture

La Vindicte ElliptiqueLes normes sociales - Université de Stanford - 3. Théories des normes et leur force

Suivre cette bulleSuivre cette bulleSuivre cette bulle
Suivre cette bulleSuivre cette bulleBulle suivie
Suivre ce threadSuivre ce thread

Les normes sociales - Université de Stanford - 3. Théories des normes et leur force

La Vindicte Elliptique🌎 Actu

Le 1 janvier 2022 à 20h05

Julien
Militant

196 sujets
0 message

Article
Traduction de l'entrée de l'encyclopédie universitaire
http://plato.stanford.edu/entries/social-norms/
3. Théories des normes et leur force
Dans la majorité de la littérature qui porte sur les normes, il est assumé indubitablement que les normes suscitent la conformité, et qu’il y a une forte corrélation entre les croyances normatives des personne

Traduction de l'entrée de l'encyclopédie universitaire

http://plato.stanford.edu/entries/social-norms/

3. Théories des normes et leur force

Dans la majorité de la littérature qui porte sur les normes, il est assumé indubitablement que les normes suscitent la conformité, et qu’il y a une forte corrélation entre les croyances normatives des personnes et leur comportement. Par croyances normatives est signifié en général des croyances individuelles ou collectives à propos de quelle sorte de comportement il est prescrit (ou interdit) dans un contexte social donné. Les croyances normatives sont habituellement accompagnées par l’attente que les autres personnes suivront le comportement prescrit et éviteront celui qui est interdit. Mais il n’est pas évident qu’avoir des croyances normatives fera que les personnes agiront d’une certaine manière qui leur soit cohérente. Qu’importe qu’il puisse y avoir des croyances normatives qui divergent de comportement, et si c’est le cas, pourquoi, c’est une question à laquelle nous devons répondre pour fournir une explication satisfaisante des normes.

Une norme ne peut simplement être identifiée à un patterncomportemental collectif récurrent. Si nous devions adopter une explication purement comportementale des normes, rien ne distinguerait le critère d’impartialité partagé de, disons, l’habitude matinale collective du brossage de dents. Éviter une définition purement comportementale veut dire se focaliser sur le rôle que les attentes jouent dans la légitimation de ces sortes de comportements collectifs qu’on considère être des normes. Après tout, une personne se lave les dents qu’elle attende ou non que les autres fassent de même, mais elle n’essaierait même pas de réclamer un salaire proportionnel à son éducation si elle attend de ses collègues qu’ils suivent la règle de l’ancienneté. De plus, il y a des comportements qui ne peuvent être expliqués que par l’existence de normes, même si le comportement prescrit par la norme en question n’est jamais observé. Dans son travail sur les Ik, Turnbull (1972) rapporte que ces chasseurs-cueilleurs affamés essayaient difficilement d’éviter des situations où leur conformité aux normes de réciprocité était attendue. Ainsi ils changeaient leurs manière pour ne pas être en position de donateur (gift-taker), et chassaient seul et en secret pour ne pas être forcés de partager leur proie avec quelqu’un qu’ils rencontreraient pendant qu’ils chassaient. La plupart des comportements des Ik pourrait s’expliquer comme une tentative réussie d’échapper aux normes de réciprocité existantes. Les normes peuvent contenir une grande quantité d’influence dans une population, même quand on ne voit jamais les comportements correspondants à la norme qui est censée les susciter.

Comme le montre l’exemple de Turnbull, le fait d’avoir des croyances normatives et d’attendre des autres de se comporter selon une norme donnée n’entraîne pas toujours un comportement de norme durable (norm-abiding). Simplement focalisé sur les normes comme un faisceau d’attentes devrait par conséquent être trompeur, puisqu’il y a beaucoup d’exemples de divergences entre les attentes normatives et les comportements. Prenons la norme largement reconnue de l’intérêt personnel (Miller et Ratner 1996) ; il est remarquable d’observer comment les personnes supposent souvent des autres qu’ils agissent de manière égoïste, même s’ils sont préparés à agir de manière altruiste eux-mêmes. Par exemple, des études montrent que la bonne volonté des gens à donner leur sang n’est pas changée par des incitations monétaires, mais typiquement les seules personnes qui veulent leur sang gratuitement attendent des autres de donner le leur seulement en contrepartie d’une récompense monétaire suffisante. De manière similaire, quand on leur demande s’ils loueraient leur appartement à un couple non marié, tous les propriétaires interrogés répondent positivement, mais ils estiment que seulement 50 % des autres propriétaires acceptent un couple non marié comme locataires (Dawes 1974). De tels cas d’ignorance pluraliste sont plutôt communs ; ce qui est déconcertant c’est que les gens peuvent attendre d’une norme donnée d’être soutenue en l’absence d’information à propos des comportements de conformité des autres personnes et malgré une évidence personnelle pour le contraire (Bichierri et Fukui 1999). On pourrait soupçonner que dans tous les cas mentionnés les individus impliqués – bien que croyant en l’existence d’une norme – n’étaient pas eux-même « sous sa prise ». Cependant, il y a plus de preuves montrant que les personnes qui donnent leur sang, laissent un pourboire à l’étranger, donnent de l’argent aux mendiants ou renvoient un porte-feuille plein d’argent essayent souvent de minimiser leur comportement altruiste en fournissant des motifs égoïstes qui rendent leurs actions acceptables en étant conforme à la norme de l’intérêt personnel (Wuthnow 1991).

Si une définition purement comportementale des normes est insuffisantes, et si une telle définition seulement basée sur des attentes est à mettre en question, où allons-nous ? Nous devons réaliser que l’ambiguïté sémantique qui entoure le concept de norme est commun à tous les construits sociaux. Il n’y a pas de nécessité ni de condition suffisant pour être une norme, juste un faisceau de caractéristiques que toute norme peut afficher sur une étendue plus ou moins grande. Les normes réfèrent aux comportements, aux actions sur lesquelles les gens ont le contrôle, et sont supportées par des attentes partagées à propos de ce qui devrait ou ne devrait pas être fait dans différents types de situations sociales. Les normes, cependant, ne peuvent être simplement identifiées aux comportements observables, ni ne peuvent être assimilés à des croyances normatives, puisque les croyances normatives peuvent ou non provoquer des actions appropriées.

Les degrés variables de corrélation entre les attentes normatives et les actions sont un facteur important pour faire la différence parmi les types variés de normes, et pour évaluer de manière critique les trois théories majeures à propos des relations entre les attentes normatives et les actions. Ces théories sont : (1) la théorie de l’acteur socialisé, (2) la théorie de l’identité sociale, et (3) le modèle de conformité au choix rationnel.


Répondre

Vindicte - dernière mise à jour le 26 juillet 2024

Notre ligne politique - À propos de nous - contact@vindicte.com